Gishin Funakoshi était un lettré qui non seulement composait des poèmes mais était versé dans l'art de la calligraphie.Il avait choisi comme nom de plume "Shoto" pour signer ses oeuvres , ce qui signifie "Bruissement de la pinède". En effet, dans sa jeunesse à Okinawa, il aimait se promener sur les collines et les monts couverts de pinèdes qui forment une chaîne montagneuse appelée "Mont de la queue de tigre".
Kan signifie salle ou dojo.
Shotokan est le nom que Gishin Funakoshi donna à son dojo, construit en 1938, grâce aux dons de ses élèves.
Il sera détruit en 1945 par les bombardements. Par la suite, Shotokan deviendra le nom de son école
Depuis le début, le karaté s'est enseigné par le kata. Pas de kumité (combat) ou de kihon (répétition de techniques de base), uniquement les kata. Il existait alors quinze kata classiques dont certains (les Pinan) furent créés par Ankô Itosu afin de faciliter l'apprentissage des techniques.
Par la suite, Gichin Funakoshi "japonisera" les noms des kata, afin que chacun évoque une symbolique particulière.
Ainsi par exemple, les Pinan devinrent Heian (la paix), Naifanchi devint Tekki (le cavalier) en référence à la position solide adoptée pendant le Kata, Kushanku devint Kanku (regarder le ciel) pour illustrer les premières techniques, Seshan devint Hangetsu (demi-lune) en référence à la position, Chinto devint Gankaku (la grue sur le rocher) illustrant une posture sur un pied montrée dans le Kata, Wanshu se transforma en Empi (le vol de l'hirondelle) en rapport avec le saut contenu dans le Kata, Passai devint Bassai (traverser la forteresse) qui évoque puissance et rapidité dans le kata, sans oublier Jion faisant référence à un temple bouddhiste, et Jitte signifiant "les dix mains" illustrant les dix adversaires combattus dans le Kata.
Par la suite, plusieurs autre kata furent crées par les élèves de Gichin Funakoshi : Kanku-Sho, Bassai-Sho, Tekki Shodann Nidan et Sandan, Sochin, Nijushiho, Gojushiho-Sho, Gojushiho-Dai, Meikyo, Unsu, Chinte, Jiin, Wankan et tout récemment Gankaku Sho (créé par Maître Kanazawa en reprenant l'ancien Kata Chinto du Shurite).
Le Shotokan se compose aujourd'hui de 26 kata (27 avec Gankaku Sho mais il n'est pas encore rentré dans le circuit officiel).
Outre, les kata, les techniques ont également évolué. A l'époque de Gichin Funakoshi, les positions étaient hautes. Yoshitaka les a considérablement descendu et accentué afin de renforcer la musculature des pratiquants et de descendre le centre de gravité. Les coups de pieds sont également portés au niveau le plus haut et beaucoup de nouveaux sont venus se greffer. A l'origine, seuls Mae geri, Kin Geri et Yoko Geri (Gedan) étaient pratiqués. Tous les coups circulaires, arrières, sautés, et autres ont étés rajoutés après 1945.
Si on peut ici saluer le travail accompli et la richesse du capital technique du Shotokan, bon nombre de critiques pleuvent toujours quand à ces changements. En effet, de part son statut actuel, le Shotokan est surtout un style dédié à des pratiquants jeunes. Car, avec l'âge, les coups de pieds hauts sont beaucoup plus difficiles à exécuter et les positions basses plus dures à tenir.
Cependant, une pratique régulière et anatomiquement logique peut palier ces désagrément en accordant le bénéfice d'une musculature particulièrement bien développée et spécifique. Preuve en est l'incroyable efficacité de certains experts Shotokan qui pratiquent, à plus de soixante dix ans, des coups de pieds spectaculaires et un enracinement au sol incroyable.
Le code d'honneur et de la morale traditionnelle enseignée dans le Karaté-do est basé sur l'acquisition de cette maîtrise.
L'Honneur (Meiyo): C'est la qualité essentielle. Nul ne peut se prétendre Budoka (Guerrier au sens noble) s'il n'a pas une conduite honorable. Du sens de l'honneur découlent toutes les autres vertus. Il exige le respect du code moral et la poursuite d'un idéal, de manière à toujours avoir un comportement digne et respectable. Il conditionne notre attitude et manière d'être vis à vis des autres.
La Fidelité (Chujitsu) : Il n'y a pas d'honneur sans fidélité et loyauté à l'égard de certains idéaux et de ceux qui les partagent. La fidélité symbolise la nécessité incontournable de tenir ses promesses et remplir ses engagements.
La Sincerité (Seijitsu ou Makoto) : la fidélité nécessite la sincérité dans les paroles et dans les actes. Le mensonge et l'équivoque engendrent la suspicion qui est la source de toutes les désunions. En karaté-do, le salut est l'expression de cette sincérité, c'est le signe de celui qui ne déguise ni ses sentiments, ni ses pensées, de celui qui sait être authentique.
Le Courage (Yuuki ou Yuukan) : La force d'âme qui fait braver le danger et la souffrance s'appelle le courage. Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste, et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d'affronter toutes les épreuves. La bravoure, l'ardeur et surtout la volonté sont les supports de ce courage.
La Bonté et la Bienveillance (Shinsetsu) : La bonté et la bienveillance sont des marques de courage qui dénotent une haute humanité. Elles nous poussent à l'entraide, à être attentif à notre prochain et à notre environnement, à être respectueux de la vie.
La Modestie et l'Humilité (Ken) : La bonté et la bienveillance ne peuvent s'exprimer sincèrement sans modération dans l'appréciation de soi-même. Savoir être humble, exempt d'orgueil et de vanité, sans faux-semblant est le seul garant de la modestie.
La Droiture (Tadashi ou Sei) : C'est suivre la ligne du devoir et ne jamais s'en écarter. Loyauté, honnêteté et sincérité sont les piliers de cette droiture. Elle nous permet de prendre sans aucune faiblesse une décision juste et raisonnable.
La Fidelité (Chujitsu) : La droiture engendre le respect à l'égard des autres et de la part des autres. La politesse est l'expression de ce respect dû à autrui quelles que soient ses qualités, ses faiblesses ou sa position sociale. Savoir traiter les personnes et les choses avec déférence et respecter le sacré est le premier devoir d'un Budoka car cela permet d'éviter de nombreuses querelles et conflits.
Le Contrôle de soi (Seigyo) : Cela doit être la qualité essentielle de toute ceinture noire. Il représente la possibilité de maîtriser nos sentiments, nos pulsions et de contrôler notre instinct. C'est l'un des principaux objectifs de la pratique du Karaté-do, car il conditionne toute notre efficacité.
"Il ne faut pas oublier que le Karaté commence par le salut et se termine par le salut."
Gichin Funakoshi